Les Communautés qui viennent 

Festival Photo de Phnom Penh

21 nov. → 21 dec. 2024

Pour fêter sa 15e édition, le Festival Photo de Phnom Penh, en partenariat avec l’Institut Français du Cambodge, s’est associé à  l’ENSP pour présenter, du 21 novembre au 21 décembre 2024, les travaux des sept Félicités de l’année 2024.

Les Communautés qui viennent rassemble ainsi les travaux photographiques et filmiques d’Antonio Del Vecchio, Basile Lorentz, Davide Fecarotti, Émeline Ametis, Doriane Bellet, Simon Bouillère et Gwénolé Le Gal.

À travers cet intitulé inspiré du livre de Giorgio Agamben, cette exposition met en avant la manière dont les travaux de ces jeunes photographes et artistes explorent les liens entre singularité et appartenance collective à l’ère de la mondialisation. Reflétant une pluralité de groupes et de territoires, leurs œuvres remettent en question l’idée même de communauté et ouvrent, par là même, une réflexion sur l’état d’un monde aujourd’hui globalisé.

Les Communautés qui viennent
Retour sur les Félicités 2024 de l’ENSP d’Arles

Par Véronique Souben, directrice de l’ENSP

Les Communautés qui viennent présente un choix de photographies, d’images et films de sept diplômés de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles ayant obtenu, en 2024, les Félicitations du jury. Malgré des esthétiques propres et des approches distinctes, tous ces travaux ont étonnamment en commun le fait d’aborder, à leur manière, la notion même de communauté. 

Qu’elle se définisse politiquement, comme l’atteste Basile Lorentz dans sa série sur l’Europe, ou sur la base d’une utopie comme l’aborde Doriane Bellet dans ses photos réalisées à Cuba. Qu’elle s’incarne dans la ruralité, à l’image des séries d’Antonio Del Vecchio prises dans les Pouilles natales ou se construit selon une logique insulaire, comme l’évoque poétiquement Emeline Ametis avec ses travaux sur les Caraïbes, ou bien encore Davide Fecarotti dans son exploration d’un pont destiné à relier la Sicile et la Sardaigne. Qu’elle soit circonscrite à l’échelle d’un village du Morbihan en Bretagne ou d’un club de supporter de Martigues dans le sud de la France. Chacun de ces travaux convoque l’idée de communauté, que celle-ci se caractérise par une même origine nationale, ethnique ou religieuse, un territoire commun, un groupe d’États, ou tout simplement par des centres d’intérêts partagés. À travers l’apparente hétérogénéité des propositions et la variété des situations géographiques, tous nous interrogent alors sur cette notion. À l’ère de la globalisation, à laquelle participe activement le médium photo, quel sens prend ce terme aujourd’hui. Dans un monde toujours plus connecté et mondialisé, quelles formes et signification revêt cette notion, notamment à travers l’objectif ? 

Dans sa formulation, le titre renvoie sans détour au fameux livre du philosophe italien Giorgio Agamben « La Communauté qui vient. Théorie de la singularité quelconque». Pendant qu’Agamben, dans cet essai de 1990, s’interroge sur la possibilité pour nos sociétés contemporaines de s’acheminer vers une seule communauté sans présupposés, sans condition d’appartenance, sans identité… les travaux des jeunes diplômé·e·s de l’ENSP nous présentent au contraire une pluralité de groupes de populations mais qui, dans leurs complexités politiques, géographiques et culturelles défient cette notion et, pour reprendre les termes du mémoire de Doriane Bellet, nous « donnent finalement à penser l’état d’un monde que l’on habite tous».

Émeline Ametis

Née à Villepinte en 1992

Artiste franco-caribéenne, son goût pour les procédés alternatifs et pour l’installation, son travail hybride d’artiste-archiviste lui
permettent de penser de nouvelles façons d’articuler des récits, d’envisager l’histoire et de construire une poétique de l’être.
Ici, l’album de famille qu’elle reçoit de sa mère pour ses 30 ans, lui sert de matrice pour repenser l’histoire des Caraïbes à l’aune de
la condition féminine, d’un territoire insulaire et colonisé mais aussi d’identités multiples qui composent ce vaste territoire.

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Doriane Bellet

Née en 1993 près de Grenoble

La démarche photographique de Doriane Bellet vise à créer des espaces et des instants de disponibilité qui retranscrivent un rapport lent et
parfois solitaire au monde. En prêtant une oreille attentive aux histoires qui construisent les territoires et les gens, elle explore un registre qui
cherche à se situer dans une nouvelle forme documentaire. Son projet, mené à Cuba en 2023, sonde plus particulièrement les effets que le
projet d’utopie cubaine produit aujourd’hui encore sur le territoire et ses habitants.

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Simon Bouillère

Né en 1996 à Lorient

Simon Bouillère observe dans son travail les relations qu’entretiennent les hommes avec leur environnement par le biais de pratiques
populaires individuelles ou collectives. Il pointe, au travers de son objectif, la manière dont l’un et l’autre se modèlent.
Son dernier projet, MaritimaUltra est une recherche autour de la communauté de supporters de foot du club du même nom basée à Martigues dans le Sud de
la France. A travers ces images qui privilégient souvent le détails et le hors-champ, il met plus particulièrement en exergue les couleurs,
gestes, artefacts et attributs qui composent et façonnent cet univers.

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Davide Fecarotti

Né en 1997 en Italie

Le travail de Davide Fecarotti porte sur une exploration des liens existants entre différents territoires et temporalités.
Par le biais de photographies, de documents, d’artefacts ou de montages, Davide Fecarotti aime à présenter des constellations de mondes tout à la
fois réels, utopiques et imaginaires qui se répondent, s’opposent et se complètent. En témoigne ce projet d’enquête artistique à travers
lequel l’artiste sonde, de manière métaphorique et physique, les liens tissés entre la Sardaigne et la Sicile à travers l’exemple d’un pont
chimérique qui devait unir ces deux territoires.

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Gwénolé Le Gal

Né en 1996 en Bretagne

Le travail plastique de Gwénolé Le Gal se développe autour des notions de boucle, de répétitions et de rites. Par une recherche
autour des traditions populaires, des cycles naturels du monde ou des rythmes de notre société, il envisage les images comme un
mode de veille sur notre environnement, interrogeant nos systèmes de croyances et formant un pont entre fictions, mythes et réalité.
Il en est ainsi de cet ensemble de photographies qui documente une fête religieuse bretonne toujours en cours dans son village
natal du Morbihan. Au moyen d’images aux rendus et traitements très distincts, l’artiste interroge la fascinante permanence de ce
rite qu’il situe entre insomnie et rêve éveillé, reportage et fiction aux accents cinématographiques.

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Basile Lorentz

Né à Strasbourg en 1997

Basile Lorentz explore la dimension plastique de l’histoire et de la politique : que deviennent matérialité lorsqu’ils sont confrontés à la
réalité, au temps, à nos regards ? Les travaux présentés ici portent sur le projet politique européen dont Basile Lorentz questionne plus
particulièrement l’idée de frontières.

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Antonio Del Vecchio

Né à Brindisi en Italie en 1997

Les recherches photographiques d’Antonio Del Vecchio portent sur l’imaginaire, l’identité, la mémoire et la valorisation du monde rural
du sud de l’Italie, en particulier de sa région, les Pouilles. Ces photographies rassemblées ici sont issues de deux séries.
L’une dédiée aux rituels et aux processions, l’autre aux aspects et enjeux de ces terres agricoles en changement. Ensemble, elles entremêlent, avec
retenue et complexité, coutumes locales, influence des médias et du tourisme de masse, pratique agraire et difficultés économiques.

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©Doriane Bellet
Sans titre, Baracoa, 2023

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©Basile Lorentz
Sans titre (Liebe), Paris, 2022

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