Thèse
Retcon Black Mountain
Sophie Vallas
Directrice de thèse AMU
Mabe Bethônico
Directrice de thèse ENSP
Thierry Roche
Directeur de thèse AMU
À explorer
Sylvain Couzinet-Jacques
Sylvain Couzinet-Jacques engage des processus de réenchantement de réalités en expérimentant avec les nouvelles technologies et ses oeuvres soulèvent des questions esthétiques qui résonnent avec des problématiques sociales et politiques. En expérimentant avec les nouvelles technologies de l’image et des réseaux, il recherche in fine les récits qui fondent les communautés et les imaginaires utopiques en marge des mécanismes coercitifs du monde contemporain.
Les enjeux globaux de la circulation immatérielle des données, de la propriété privée et de l’appropriation collective sont la base d’expérimentations visuelles et sculpturales dans son travail. Ses oeuvres, qu’elles soient photographiques, vidéographiques, sculpturales et même en réseaux soulèvent des questions esthétiques qui résonnent avec des problématiques sociales et politiques de territoires particuliers.
Son travail a été exposé internationalement et a reçu plusieurs prix prestigieux, obtenant ainsi des expositions personnelles au BAL à Paris (Standards & Poors, 2013), à C/O Berlin ( Sub Rosa, 2019) ou encore à Aperture Foundation à New-York (Eden, 2016). Il a été le premier lauréat en 2015 du prix Immersion de la Fondation d’entreprise Hermès pour un projet baptisé Eden qu’il mène depuis en Caroline du Nord, en lien avec l’esprit de Black Mountain College. Son travail fait partie de nombreuses collections publiques et privées, telles que l’International Center for Photography (ICP) à New York, la collection JP Morgan, la collection nationale française des arts (FNAC), la collection Neuflize OBC, la Fondation Deutsche Börse, la collection de la Fondation Hermès et le Kunstmuseum Wolfsburg, entre autres.
Retcon Black Mountain /
La pensée retcon : une stratégie collaborative esthétique
Diminutif de “retroactive continuity”, le terme retcon est largement employé comme un effet scénaristique dans la production de masse cinématographique comme une variante du remake. Au-delà de cette simple définition, le terme articule une pensée dérivative qui mérite toute notre attention aujourd’hui, en tant qu’elle engage parfois des stratégies collaboratives politiques et esthétiques qui déplacent les pratiques artistiques dans le champ du scénario.
Un champ entier de l’art se pense comme collaboratif et utilise la fiction, engageant des approches qui croisent documentations précises et imaginaires dans le but de révéler des impensés du contemporain.
Cette tendance à la ré-interprétation et au recours à la fictionnalisation est inhérent presque à l’Histoire de l’Art ; cependant la nature amateure, collaborative et technologique de la pratique apparaissent comme des actes performatifs politiques qui renouvellent les questionnements liés à la communauté, aux identités et son histoire. Ils soulèvent des enjeux esthétiques, ils façonnent de nouvelles icônes largement réemployées dans le champ de l’art contemporain.
L’influence grandissante des intelligences artificielles et leurs accès facilités bouleversent notre rapport à l’archive et ses interprétations. Comment les nouvelles technologies prédictives et d’analyse peuvent- elles être liées à la construction d’arcs narratifs complexes qui revisitent le cours de l’histoire – et donc de la réalité du temps présent ? Quelles formes cela produit-il, en actualisant l’archive et en la déplaçant modifiée dans la complexité des enjeux globaux du XXIème siècle ? Comment ces technologies de deep learning peuvent-elles être utilisées in fine pour reconstruire et poursuivre des utopies collectives d’un passé révolu ?
Retcon Black Mountain est un projet de fiction spéculative qui revisite l’existence de la célèbre école américaine Black Mountain College (1933-1957) en combinant une approche documentaire et une recherche rigoureuse autour des archives avec des principes de re-enactment.
Les archives photographiques et les documents textuels serviront de matrice à une recherche avec des outils de deep learning, de virtualisation en images de synthèse, d’images hybrides et de performances. En revisitant les archives et en les inscrivant dans le temps contemporain, Retcon Black Mountain affirme que toute archive est performative.
Le projet Retcon Black Mountain a reçu le soutien de l’Institut pour la Photographie des Hauts de France, du Centre National des arts Plastiques et de la Villa Albertine.