Terre brûlée

Une projection parlée

27 mars 2023 → 17h30

Une projection parlée de bazinvollaire, présentée à la Bibliothèque de l’ENSP
Texte de la philosophe Christiane Vollaire et photographies de Philippe Bazin

En juin 2013, les évènements de la Place Taksim/Parc Gezi à Istanbul ont défrayé la chronique médiatique internationale pendant plusieurs semaines.

Au même moment, à Sofia en Bulgarie et dans tout le pays, des protestations semblables se sont déroulées et une vague d’immolations a parcouru tout le pays.
Christiane Vollaire et Philippe Bazin ont parcouru toute la Bulgarie durant l’été 2014 afin de rencontrer les gens qui avaient tenté un tel geste ou bien leurs proches.

Si toutes ces immolations bulgares ne semblent pas d’origine politique ou militante, toutes interrogent les configurations politiques nationales et européennes.

Le travail en collaboration avec les gens s’est construit dans une perspective documentaire critique, aussi bien en philosophie où le terrain a pris une importance déterminante, qu’en photographie.

Mais la projection interroge aussi les possibilités de nouvelles formes esthétiques de la relation texte/image dans un projet documentaire critique. Pour, comme y appelait Walter Benjamin, politiser l’esthétique, et non esthétiser la politique. Il s’agit donc d’une projection parlée en forme de recherche expérimentale.

Soirée sur inscriptions ici

Biographies

Christiane VOLLAIRE, philosophe, est chercheure associée au Centre de Recherche sur le Travail et le Développement du CNAM, membre du programme Non-lieux de l’exil (Université de Paris-Nanterre, Institut Convergences-Migrations), membre de la rédaction de la revue Chimères et fellow de l’Institut Convergence-Migrations. Elle écrit régulièrement pour la revue Lignes.

Elle a présenté au début des années 2000 une série d’interventions au Collège International de philosophie sur Les Processus de désesthétisation en médecine.

Elle travaille en philosophie esthétique (artistes contemporains et fonction politique de l’art), en philosophie politique (espace public, migrations, revendications, violences policières) et en philosophie de la médecine (politiques de santé et leurs enjeux sociaux et esthétiques).

Elle a forgé en 2008, puis théorisé en 2017, un concept de la philosophie de terrain à partir duquel elle travaille actuellement.

Ouvrages parus :
Humanitaire, le cœur de la guerre, L’Insulaire, 2007
Pour une philosophie de terrain, Créaphis, 2017
– Distance ludique, distance critique (avec Lydia Martin), Loco, 2022
– Des Philosophes sur le terrain (avec Sophie Djigo, Isabelle Delpla et Olivier Razac), Créaphis, 2022.

Philippe BAZIN, photographe, est diplômé de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et a enseigné la photographie à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon jusqu’en 2020. Il remporte le Prix Niépce en 1999. Il a développé depuis le début des années 1980 un travail prenant en compte les relations que nous entretenons avec les différents phénomènes institutionnels qui encadrent et organisent l’existence sociale, autour de la question du visage. Il a publié en 2009 un ouvrage récapitulatif de l’ensemble de son travail sur les visages, La Radicalisation du Monde (l’Atelier d’édition/Loco).

Depuis le début des années 2000, son travail artistique se développe autour des relations entre esthétique et politique. Parmi ses ouvrages : Dufftown (2008), Reconstruction (2014), John Brown’s Body (2016), Les Coupes (Créaphis, 2017)

Son livre sur la photographie, Pour une photographie documentaire critique, est paru en 2017 (Créaphis).

Il a initié et coordonné à l’ENSA Dijon le programme de recherche Travail, migrations et ruralité (2017-2020) et est membre du comité scientifique de la revue Focales (Université de Saint-Etienne).

LEUR COLLABORATION, associant philosophie de terrain et photographie documentaire critique, a pris forme sur plusieurs terrains politiques : Balkans (2000), Pologne (2008), Égypte (2011), Chili (2012), Turquie (2013), Bulgarie (2014), Grèce (2017-2020) ; mais aussi en France, autour des camps du Nord (2016), du mouvement des Gilets jaunes (2019), des solidarités à la frontière du Briançonnais (2021) et des quartiers populaires (2019-2023). Elle a donné lieu à trois ouvrages :

Le Milieu de nulle part, Créaphis, 2012 (sur les centres d’hébergement et de rétention des migrants en Pologne)
Vider Calais (2019), Château Coquelle à Dunkerque,
Un Archipel des solidarités : Grèce, 2017-2020, Loco, 2020

ainsi qu’à une projection parlée, Terre brûlée, autour des immolations de l’année 2013 en Bulgarie, entrée dans les collections du Centre National des Arts plastiques.

Leurs travaux communs ont donné lieu à plusieurs articles et publications collectives, parmi lesquelles :  L’Urbain par l’image, paru en 2019, dont un chapitre présente leur travail au Chili. Plusieurs expositions ont présenté le travail sur la Pologne et sur Calais.

Leur travail sur la Grèce a donné lieu à plusieurs expositions : à Dunkerque (Château Coquelle, 2019), à Gentilly (Maison Robert Doisneau, 2019) à Genève (Centre de la Photographie, 2020), à Douarnenez (2021), à Lyon (Galerie Le Bleu du ciel, 2022), à Marseille (librairie-galerie Zoème, 2023).

Ils ont co-organisé, avec l’anthropologue Chowra Makaremi, le séminaire Images et recherche critique. De la documentation au documentaire de janvier 2021 à juin 2022 à l’EHESS.

Portrait Philippe Bazin © Yves Trémorin, 2015