Tiers images

11 → 19 oct. 2025

Tiers images est une exposition pensée et produite par les étudiantes et les étudiants du laboratoire Prospective de l’image de l’ENSP, avec les artistes Firas Shehadeh et Stella Jacob et en partenariat avec Vincent Moncho et le festival Octobre Numérique.

À mesure que nos sociétés technoculturelles s’adonnent à la mise en œuvre d’algorithmes de décision toujours plu performants et autonomes, nous faisons chaque jour davantage l’expérience de leur autorité, au point de transformer notre manière de percevoir et de comprendre le monde. Heidegger, en parlant d’image du monde (Weltbild), désignait déjà ce moment historique où le monde se constitue comme objet représentable, mesurable et disponible. Si l’idée de monde saisi comme image proposait une configuration métaphysique de la modernité, ce n’est plus aujourd’hui seulement le monde qui est appréhendé comme image, mais bien les images elles-mêmes qui constituent notre monde.

Aux prises avec une prolifération sans précédent de flux visuels, l’image ne répond plus ainsi seulement à sa fonction de représentation, mais joue tout à la fois le rôle d’opérateur, d’interface et de milieu, au moyen de dispositifs de (super)vision invisibilisés.

Face à ce constat et inspirée par le « Tiers paysage » de Gilles Clément, cette exposition propose d’envisager l’idée de Tiers images, afin d’identifier ce qui échappe à cette saturation : des zones indécises, résiduelles, délaissées, qui portent en elles des formes d’autonomie et de réserve, ou encore dotées de la faculté de révéler certain pan d’une infrastructure de contrôle opaque. Les Tiers-images ouvrent ainsi un territoire d’attention et de résistance, où peuvent se révéler les processus discrets des logiques computationnelles.

Au détour d’œuvres qui interrogent la matérialité et la fabrique des images numériques (Hugo Jacq, Audrey Borja), d’une vidéo qui met en lumière les usages paradoxaux des banques d’images en ligne (Oliver Heise), d’une installation qui détourne les logiques de reconnaissance de formes (Celia de Feral), d’un machinima qui interroge la notion d’avatar (Morgane Ubaldi) ou d’un autre qui rejoue les rapports de force géopolitiques au sein d’un moteur de jeu vidéo (Firas Shedadeh), jusqu’à un jeu vidéo qui pointe notre complicité vis-à-vis des systèmes de domination technologique (Stella Jacob), l’ensemble esquisse un bureau critique des dispositifs numériques. Parfois au moyen d’un electronica povera (Isis Garrus, Fédéri Laurens), parfois en s’écartant d’un appareillage technologique explicite, souvent avec humour, ces propositions cherchent à exposer à notre regard l’infrastructure de contrôle invisible qui structure nos existences, en exploitant son code source, sa physicalité ou encore sa logique récursive.

Les étudiant·es et les artistes
Audrey Borja, Célia de Feral, Hugo Jacq, Jan Oliver Heise, Isis Garrus, Fédéri Laurens, Morgane Ubaldi
Mais également les artistes Firas Shehadeh et Stella Jacob.

 

Exposition présentée à la Bourse du Travail Union Locale CGT,
3 Rue Parmentier, Arles
Entrée libre du 11 au 19 octobre 2025