Alexia Lazare Monduit
Lors de mon apprentissage au théâtre, j’ai tout de suite envisagé mon travail d’actrice tissé avec une pratique de la mise en scène. La scène m’apparaissait comme un champs de fouilles, le lieu d’une recherche personnelle. Cette expérience m’a poussée à me déplacer et à traverser les frontières du théâtre pour aller délier celles de la photographie. Par ce passage de la voix au silence, j’ai eu le désir de recréer un temps impossible à reconstituer. Tenter de délivrer des images lacunaires dont je me sentais légataire.
Mon appareil photographique est à la fois un pouls, un abri, une scène, un crayon, mon épée. Ce qui me lie à la photographie est un tourment, une sorte d’inquiétante étrangeté. Ce domaine particulier de l’esthétique, où l’étrange voire l’effrayant imprègne l’intime, infiltre les images que je crée. Le retour d’une tension est à l’origine de mon geste. Photographier c’est être captive d’une force inconnue, c’est remonter le tunnel vers le félin, vers l’autre absolu.
J’écris.
pApaPa, solo inventé
Personnages :
Hamlet, enfant fantôme joue la photographe.
Les âme errantes jouent leur propre rôle.
Occupé à rompre les mailles du temps, le pApaPa est une émotion percée de petits clous qui brouille les significations. C’est aussi un dispositif qui met en scène un deuil impossible, un contraste violent : celui de supporter la mort et le vivant dans le même instant. Debout, immobile, Hamlet, enfant fantôme est habillé d’une ombre. Il ouvre la porte à un héritage qui chahute ses limites et fait face aux éclats d’un temps foudroyé. Il témoigne d’un monde qui le hante.
Dans le cadre du Mentorat 2025, l’enjeu est de travailler l’articulation de cette émotion dans l’espace. J’ai choisi de mettre en scène des petits tirages qui peuvent tenir dans le creux d’une main. Je souhaite forcer l’œil à s’approcher tout au bord de l’image jusqu’à prendre le risque de tomber.
