Nina Ferrer-Gleize

Nina Ferrer-Gleize est artiste photographe, autrice, chercheuse, éditrice et enseignante. Sa pratique fait se rencontrer textes et images, dans le champ de la création documentaire, mais également du côté de la recherche théorique et critique. En 2021, elle soutient sa thèse de recherche et de création à l’ENSP Arles et Aix-Marseille Université, portant sur les représentations visuelles et littéraires du monde agricole, à partir de l’exploitation de vaches laitières de son oncle, en Ardèche. L’Agriculture comme écriture, le livre tiré de sa thèse, est paru en mars 2023 aux éditions GwinZegal. Il rassemble un travail photographique, une enquête de terrain, et un essai. Son travail prend aujourd’hui la forme de projets de recherche au long cours, qui peuvent prendre appui notamment sur des résidences et des ateliers artistiques et pédagogiques.

Elle a obtenu en 2015 un master de lettres et arts à Paris-Cité ; elle est également diplômée de la HEAR-Strasbourg en 2013 et de l’ESAL-Épinal en 2011.

Elle est lauréate de la bourse de recherche et de création de l’Institut pour la photographie des Hauts-de-France en 2023.

Des expositions personnelles de son travail ont eu lieu au Bleu du Ciel (Lyon, 2021), au centre d’art GwinZegal (Guingamp, 2023), aux journées photographiques de Bienne (2024), ainsi que des expositions collectives (Les Abattoirs, Toulouse, 2024 ; Musée des peintres, Barbizon, 2025, entre autres).

En parallèle, Nina Ferrer-Gleize a co-fondé la maison d’édition Pétrole éditions en 2013.

Depuis septembre 2024, elle enseigne la photographie et la culture visuelle dans la section Design Graphique de l’ESAD-Valence. Elle a auparavant enseigné les sciences humaines et la littérature à l’ISBA Besançon (2022-2024) ; avant cela, elle a enseigné à l’ESAL-Épinal (2015-2019). Elle intervient régulièrement en école d’art, à l’université́, au sein de colloques et de séminaires, mais également auprès de publics plus jeunes dans le cadre d’ateliers artistiques et pédagogiques.

Résumé de thèse

La thèse de Nina prend pour point de départ le travail de son oncle, éleveur de vaches laitières. Depuis 1920, la ferme dite de Mirabel, à Vernoux-en-Vivarais en Ardèche, voit se succéder les descendant·e·s de la même famille. L’exploitation s’est agrandie, des bâtiments ont été construits ; la polyculture autosuffisante est devenue une monoculture, sous contrat avec une multinationale. À Mirabel, se côtoient donc une salle de traite mécanisée et des faux d’une centaine d’années ; des gestes récents — manœuvrer un semoir mécanique — accompagnent des gestes archaïques – manier une fourche.

Dans une des chambres de la ferme est accrochée une reproduction des Glaneuses de Jean-François Millet, qui est là depuis soixante-dix ans. Sur le bureau de son oncle se trouve son contrat avec Danone, qu’il ne se résigne pas à signer depuis cinq ans. Dans un château du XVe siècle situé à quelques kilomètres de la ferme, il y a des contrats de fermage du début du XIXe siècle ; ils concernent des terres que mon oncle loue aujourd’hui. Ces documents encadrent la recherche de Nina, qui s’est déployée d’une part, par le biais d’un travail artistique, sur le terrain de la ferme, et d’autre part en élaborant une enquête théorique dans les champs de la littérature et de la photographie principalement.

Au cours de quatre étés successifs passés sur l’exploitation se déploie une recherche artistique pensée dans une perspective dialogique, dans le côtoiement quotidien de son oncle et de son activité. Sur la ferme, une série de gestes documentaires sont initiés, avec l’intention de révéler, de rendre compte, de tout ce qui « parle », de tout ce qui s’« écrit » dans ce lieu.

L’enquête théorique retrace l’histoire des représentations littéraires et artistiques du monde paysan et du travail agricole au XIXe siècle de la modernité et de l’apparition de la photographie. Cette histoire visuelle est aussi une histoire sociale. Par la confrontation de ces textes et images venus d’une modernité révolue et de mon travail photographique,il s’agit de saisir les enjeux du présent en pensant avec l’inactuel. 

La thèse prend la double forme d’une exposition et d’une édition. L’édition est pensée comme un objet éditorial et artistique, dans lequel dialoguent recherche théorique et création plastique, en donnant la part belle au processus de travail et au récit du temps passé sur le terrain.

Jury de soutenance

Lise Wajeman
Professeur des universités, Aix-Marseille Université, directrice de thèse

Gilles Saussier
Artiste-enseignant, ENSP Arles, co-directeur de thèse 

Isabelle Krzywkowski
Professeur des universités, Université de Grenoble Alpes, rapporteur du jury

Muriel Pic
Professeur des universités, Université de Berne, rapporteur du jury 

Frédéric Pouillaude
Professeur des universités, Aix-Marseille université 

Marie-Noëlle Boutin
Artiste-enseignante à l’ERG Bruxelles

Nina Ferrer-Gleize, Les sacs (diptyque), Mirabel, 2016-2021

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Nina Ferrer-Gleize, Le veilleur, Mirabel, 2016-2021

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Nina Ferrer-Gleize, La casserole, Mirabel, 2016-2021

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Nina Ferrer-Gleize, Des glaneuses, Mirabel, 2016-2021

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Nina Ferrer-Gleize, Liens et clôtures (extrait), Mirabel, 2016-2021

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