Fanny Terno

Née en 1992 à Monaco, Fanny Terno développe depuis 2019 son travail en croisant le champ de l’image avec celui de la mésologie (風土学) à travers une approche sensible et expérimentale. Après des études en design textile à l’École Supérieure d’Arts Appliqués Duperré à Paris, elle poursuit sa formation artistique à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, dont elle sort diplômée avec les félicitations du jury en 2018.

Entre 2019 et 2024, elle mène un doctorat en recherche et de création à l’Université d’Aix-Marseille et à l’ENSP Arles, en collaboration avec la Kyoto City University of Arts. Elle rejoint cette dernière en 2020 comme chercheuse invitée, avant d’intégrer le programme doctoral en 2023. Son travail porte sur les relations entre images, environnement et perception, en interrogeant les dispositifs d’attention et la matérialité du visible. Elle puise également son inspiration dans la voie du thé, qu’elle pratique depuis 2021 au sein de l’école Hosokawa Onryu à Kyoto.

Ses projets ont été exposés à Kyoto (Yokai Soho Gallery, Institut français du Kansai, Galerie Tomo, Galerie Tsubomido, Bridge Studio, Nuit Blanche), à Tokyo (Spiral Art Center), en France (Institut Tenri, Rencontres d’Arles, Galerie Le Magasin de Jouet, Fondation d’Entreprise Ricard), ainsi qu’à Monaco. Elle a notamment reçu le Prix Olympus-ENSP en 2018, la bourse du gouvernement japonais Monbukagakushō (2021–2026) ainsi que le AOTA AWARD (Japon) en 2025.

Résumé de thèse

Face à la crise générale liée à l’Anthropocène, nos relations au monde, à l’altérité et à l’art révèlent des troubles symptomatiques. Une écologie de l’attention, expérimentée par la pratique artistique et sa réception, pourrait aller au-delà de la simple représentation pour offrir des « re-médiations », des hypothèses de résilience écologique, sociale et mentale. Cette recherche se situe à la croisée de plusieurs disciplines (arts visuels, architecture, esthétique, philosophie, curation) et explore ce qui relie les êtres à leur milieu, avec l’ambition de « méditer » ces interactions – c’est-à-dire en prendre soin.

Le projet propose d’intervenir dans notre quotidien en conjuguant une approche japonaise de la mésologie, telle que développée par Augustin Berque, avec les mutations contemporaines de l’image. La mésologie (風土学, fūdogaku), science des milieux, est avant tout une perspective pluridisciplinaire visant à offrir une alternative au paradigme occidental moderne et dualiste. Ce dernier, basé sur des oppositions (objet/sujet, nature/culture, humain/animal), tend à abstraire l’humain de la terre, engendrant une acosmie destructrice pour les espèces, les paysages et les cultures. Inspirée des sagesses orientales, la mésologie de Berque intègre les apports de Jakob von Uexküll et Watsuji Tetsuro.

Ce projet interculturel et transdisciplinaire propose de dépasser certaines crises contemporaines en repensant le rôle des images dans notre manière de voir, d’agir, et d’être. L’image, depuis cinq siècles perçue comme une fenêtre sur le monde, doit être reconsidérée à travers des méthodes contemporaines, ou redéfinir son opérativité dans ses mutations actuelles. La symbiose entre mésologie et image permet d’élaborer des outils et des méthodologies innovantes : donner corps à la mésologie à travers des « images mésologiques » et, en parallèle, penser « méso-logiquement » l’image. Ce projet valorise l’altérité sous plusieurs formes : interculturelle (France-Japon), transindividuelle (partage d’autorité dans la création), et dans ma démarche d’artiste-chercheure, favorisant une porosité entre pratiques créatives et théoriques. L’objectif est de ne jamais opposer ni illustrer ces pratiques, mais de créer une véritable dialectique entre elles

Jury de soutenance

Pierre Baumann
Professeur des universités, Université Bordeaux Montaigne, rapporteur du jury

Grégori Jean
Professeur des universités, Université Côte d’Azur, rapporteur du jury

Catherine Grout
ENSAP Université de Lille, membre du jury

Mathilde Roman
Professeur, Pavillon Bosio (Monaco), membre du jury

Gwenola Wagon
Professeure des universités, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, présidente du jury

Clélia Zernik
Professeure, ENSBA Paris, membre du jury

Caroline Bernard
Professeure, ENSP Arles, co-directrice de thèse

Frédéric Pouillaude
Professeur des universités, Aix Marseille Université, directeur de thèse