Lila Neutre

Lila Neutre est née en 1989. Première artiste à obtenir le doctorat de recherche et création de l’ENSP Arles et d’Aix-Marseille Université, Lila Neutre établit sa carrière à la croisée des mondes de l’art et de la recherche. 

Lila Neutre enseigne les écritures visuelles de la recherche à l’École supérieure des beaux-arts de Nîmes (Esban) depuis 2024. Elle intervient régulièrement dans diverses institutions et unités de recherche dans le cadre de séminaires ou de conférences en lien avec la recherche-création. Elle est membre du comité de pilotage du Centre interdisciplinaire de recherche-création sur les mondes sociaux (CIREC) et du programme national de recherche ICCARE (Industries culturelles et créatives), où elle est chargée du secteur des arts visuels et numériques.

Parallèlement à ces activités pédagogiques et de recherche, son travail explore la manière dont la photographie peut forger et façonner des identités et récits collectifs, en soutien aux luttes décoloniales, féministes et queer. Sa démarche affirme que l’apparence et le corps sont des territoires politiques, des lieux de résistance face aux normes, aux assignations et aux violences systémiques. Elle accorde une attention particulière aux personnes et communautés placées en situation de vulnérabilité, travaillant à une construction commune avec celles et ceux qu’elle photographie. Ses plus récents travaux ont été exposés à la fondation Fiminco, lors de la Nuit Blanche et aux Rencontres d’Arles.  

Elle figure parmi les artistes de la 56e édition des Rencontres d’Arles avec l’exposition Danser sur les cendres (Faire feu) présentée à la Maison des Peintres du 7 juillet au 5 octobre 2025. L’exposition met en regard deux séries photographiques et textuelles qui s’intéressent à la pratique du twerk et du voguing, explorant ces danses comme des formes d’émancipation et de résistance collectives. 

Portrait : © Mathieu Asselin

Résumé de thèse

Dans nos sociétés occidentales contemporaines, esthétiques et spectaculaires, le corps est un objet de fétichisme social de même qu’un écran sur lequel il est possible de projeter une identité maniable et changeante. Considéré comme le support de l’individualité, il est l’objet de toutes les métamorphoses. De simple parti pris vestimentaire, le style peut parfois se faire l’expression d’un véritable mode de vie, d’une existence qui s’établit à l’encontre des normes imposées par une société. L’apparence devenant la manifestation d’une prise de position politique, éthique ou philosophique.

Quels liens unissent la pratique du cabaret New-Burlesque, du Roller Derby, du Cosplay, de la Sape ou du Voguing ? En apparence dissemblables, voire peut-être parfois antagonistes ; regroupant des membres d’âges, de genres, d’origines sociales et culturelles différentes et s’ignorant la plupart du temps l’une l’autre ; ces communautés dîtes “sous-culturelles” partagent en réalité beaucoup. Tous et toutes utilisent leur apparence comme dispositif de résistance interrogeant la validité et les limites des impératifs sociétaux. C’est du moins ce que cette thèse tente de mettre en lumière, par la photographie et sur le terrain de la sociologie.

Jury de Soutenance

Sylvia Girel
Sociologue des arts et de la culture, professeure des universités, Université Aix-Marseille, directrice de thèse

Arnaud Claass
Artiste-enseignant et auteur, co-directeur de thèse

Christine Detrez
Sociologue et autrice, professeure des universités, École normale supérieure de Lyon, rapporteur du jury

Anne Monjaret
Ethnologue, directrice de recherche, EHESS Paris, rapporteur du jury

Jacques Leenhardt
Sociologue, directeur d’études EHESS Paris, membre du jury 

Pascal Beausse
Conservateur, responsable de la collection photographique du Centre national des arts plastiques, personnalité extérieure, CNAP

Valérie Jouve
Artiste, personnalité extérieure, artiste